LE PÈRE GORIOT par Honoré de Balzac
AU GRAND ET ILLUSTRE GEOFFROY SAINT-HILAIRE,
Comme un témoignage d’admiration de ses travaux et de son génie.
de balzac.
Madame Vauquer, née de Conflans, est une vieille femme qui, depuis quarante ans, tient à Paris une pension bourgeoise établie rue Neuve-Sainte-Geneviève, entre le quartier latin et le faubourg Saint-Marcel.
Cette pension, connue sous le nom de la maison Vauquer, admet également des hommes et des femmes, des jeunes gens et des vieillards, sans que jamais la médisance ait attaqué les mœurs de ce respectable établissement.
Mais aussi, depuis trente ans, ne s’y était-il jamais vu de jeune personne, et, pour qu’un jeune homme y demeure, sa famille doit-elle lui faire une bien maigre pension.
Néanmoins, en 1819, époque à laquelle ce drame commence, il s’y trouvait une pauvre jeune fille.
En quelque discrédit que soit tombé le mot drame par la manière abusive et tortionnaire dont il a été prodigué dans ces temps de douloureuse littérature, il est nécessaire de l’employer ici : non que cette histoire soit dramatique dans le sens vrai du mot ; mais, l’œuvre accomplie, peut-être aura-t-on versé quelques larmes intra muros et extra.
Sera-t-elle comprise au delà de Paris ?